Le livre audio ou sonore est un des moyens d’accès à la lecture et au livre pour les enfants aveugles ou malvoyants. Rudy Martel de la maison d’édition benjamins media vous propose cet article sur son bon usage.
Il y a plusieurs façons de désigner un livre enregistré : livre audio, livre sonore, livre lu, livre parlé, livre parlant, audiolivre, audiobook, etc. Il n’existe pas réellement de définition officielle d’un livre enregistré, mise à part celle figurant dans le Code général des impôts… Le plus souvent on parle de « livre audio » ou de « livre sonore ». Le livre audio est une lecture d’un livre à voix haute alors que le livre sonore nécessite une action de la part du lecteur afin de déclencher des sons comme des onomatopées, des chansons, des dialogues, etc. Aucun de ces termes ne correspond à la démarche particulière de benjamins media. Parlons quand même de livre sonore.
Quel est l’intérêt du livre sonore ?
Il y a peu d’études sur l’usage des livres sonores pour la jeunesse, et quand il y en a, elles sont souvent anglo-saxonnes et à relativiser. La recherche menée en 2021 par le National Literacy Trust, par exemple, n’explique pas la méthode déployée. Cette étude fait ressortir « qu’un jeune sur 5 a déclaré que l’écoute d’un livre audio ou d’un podcast les avait invités à lire des livres et [que] 2 d’entre eux sur 5 (43,1%) conviennent qu’écouter des livres audios les aide à comprendre un sujet ». Ce qui est certain, et on peut tous le vérifier au quotidien, c’est que l’écoute régulière de livres sonores amplifie trois choses :
- le niveau de compréhension des enfants,
- leur envie de lire
- et leur niveau de vocabulaire.
Alors que nous simulions une bataille, mon fils – il avait 4-5 ans – s’est écrié : « aaaaah ! je suis au bord du précipice ! ». Le mot « précipice » venait du livre CD Azur et Asmar, raconté par la nourrice, que nous écoutions en boucle…
A partir de quel âge peut-on écouter un livre sonore ?
Il n’y a pas d’âge pour écouter des livres sonores. Il suffit de voir l’essor des livres audio pour adultes. Les livres sonores peuvent être adaptés aux bébés. L’enfant, in utéro, n’entend-il pas des sons extérieurs au placenta – battements de cœur, gargouillis, etc. – puis extérieurs au ventre de maman ?
À quatre mois de grossesse, son système auditif est en place : oreille externe, moyenne et interne. Il n’entend pas tout ce que nous entendons, mais il peut reconnaitre la voix de maman, de papa, les intonations, la musique (il a une préférence pour la musique savante) et les tonalités graves. Les bienfaits ne s’arrêtent pas là, une fois bébé arrivé au monde. L’écoute de livres audio peut contribuer au développement cognitif de bébé, qui se familiarise rapidement avec la lecture et développe son attention et sa concentration. Les régions du cerveau impliqués dans de nombreux processus cognitifs sont activés très tôt chez les enfants qui écoutent des livres audio.
Comment et quand écouter un livre sonore ou audio ?
À la maison ou à l’école, en mouvement ou statique, en groupe ou seul, il y a mille et une façons d’écouter un livre sonore. C’est un livre multi usage. Et c’est ce qui plaît aux utilisateurs. Les parents, s’ils ont le temps, lisent l’album mais s’ils ne l’ont pas, peuvent laisser l’enfant l’écouter seul. L’enfant, lui aussi, peut décider du bon usage à faire d’un livre sonore : selon ses envies. Il y a des livres sonores qui apaisent et qui favorisent le temps calme – Miss Mousse par exemple – et des livres sonores plus « excitants » – Pas tout de suite Bouille (pour ne parler que des livres sonores pour tout-petits), à écouter en journée. Mais tous seront stimulants pour l’enfant.
On peut lire l’histoire, on peut l’écouter, on peut lire et l’écouter en même temps. Il est indispensable que les deux supports, album et son, soient conçus et réalisés pour être indépendants l’un de l’autre. Mis à part Clic Clac, tous les titres édités par benjamins media peuvent être lus sans être écoutés et vice-et-versa. Le livre sonore, s’il se présente sous la forme d’un livre et d’un CD, favorise également l’autonomie de l’enfant. L’enfant prend du plaisir à pouvoir mettre seul un CD dans son lecteur. C’est valorisant pour lui ; il agit comme un grand. Si le CD semble disparaitre, les nouveaux supports qui voient le jour, comme les boîtes à histoires par exemple, permettent également à l’enfant d’être actif et acteur dans l’écoute, contrairement aux histoires dématérialisées disponibles uniquement sur les plateformes numériques. Le livre sonore ne concurrence pas la voix des parents. Il la complète. L’interprétation de l’histoire par un comédien professionnel, toute en nuances, la présence d’atmosphères sonores travaillées, de respirations, et de musiques bien choisies vont favoriser le développement de l’imaginaire chez l’enfant.
Le livre sonore procure une expérience de lecture très immersive et fait découvrir le texte différemment.
Lors d’ateliers benjamins media, comme J’écoute dans le noir, il n’est pas rare de voir des enfants exprimer ce qu’ils ressentent par le geste : ici, un enfant jouera de la batterie pendant l’écoute de Salvador, là, un enfant se lèvera pour marcher comme le monstre mangeur de prénoms, en rythme avec le tuba, et bruitera ses pas sur le gravier : criss, criss…
Mais comme pour les albums, il y a des livres à écouter mal faits, avec une surabondance de stimuli sonores qui, au final, s’apparentent davantage à de la bouillie et matraquent plus l’enfant qu’ils ne l’encouragent à se questionner. Il ne faut pas confondre « présence » et « omniprésence ». Chez benjamins media, musique et atmosphères sonores sont ciselées, claires et en pointillé. Il y a de nombreux silences dans nos histoires, qui laissent le temps à l’enfant de tisser son propre récit. Le seul lien permanent entre le livre et l’enfant, c’est la voix, et c’est elle qui viendra corroborer, ou pas, ce que l’enfant à imaginer. Que les parents ne se limitent pas et veillent à choisir des livres sonores très bien écrits et porteurs de sens. On le sait, une contextualisation intelligente de l’histoire par la musique et le son permettra à l’enfant de se hisser à hauteur d’un texte même très exigeant. Un texte riche et ambitieux ne peut pas être « trop compliqué pour l’enfant » s’il est bien mis en forme sonore.
Les livres à lire et à écouter sont autant de bulles sonores et temporelles où les enfants, quels qu’ils soient, voyants ou déficients visuels, à l’aise dans l’apprentissage de la lecture ou en difficulté, vont trouver refuge et l’occasion de s’élever.
Casque ou pas casque ?
Préservons juste les oreilles de nos enfants en évitant une écoute au casque trop tôt. Si des fabricants, proposent des casques pour enfants dès trois ans (dans des « couleurs amusantes » et avec un « volume sonore limité »), il est généralement admis qu’il vaut mieux attendre que l’enfant ait six, voir huit ans, avant de lui mettre un casque sur les oreilles. Veillons également à ce que l’enfant n’écoute pas trop fort, avec ou sans casque. Bien utilisés, les livres sonores amèneront l’enfant du plaisir d’écouter au plaisir de lire.
benjamins media reste la seule maison d’édition en Europe, selon le ministère de la Culture et de la Communication à proposer, sur l’ensemble d’un catalogue, une adaptation en braille et gros caractères pour chaque livre en noir édité !
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