Votre enfant est encore petit, il a 1 an, 2 ans, 5 ou 6 ans et il a une déficience visuelle. Il n’est pas encore lecteur, mais vous savez d’ores et déjà qu’il aura besoin d’adaptation pour apprendre à lire… Notamment d’utiliser des grands caractères…
Alors on lit quoi avec lui ?
Tout plein de livres, des grands, des petits, des adaptés des classiques, des cartonnés, des tissus…
De nombreux albums jeunesse, et livres pour les bébés seront des coups de cœur pour vos enfants. Nous avons fait une bibliographie où vous aurez des idées de titres dans notre “livret, lire avec mon enfant aveugle ou malvoyant, quelle drôle d’idée ?“
Voici quelques questions à se poser au moment de sélectionner un livre dans les rayons d’une librairie ou d’une bibliothèque.
Quelle est la taille du livre ?
Un livre géant ? un vrai bonheur à explorer, mais les illustrations pourront être compliquées pour certains car il sera difficile de voir l’image dans sa globalité.
Un petit – livre ? Parfait pour les petites mains qui pourront manipuler l’objet dans tous les sens, mais attention aux illustrations qui peuvent alors être trop fines et détaillées
Comment sont les couleurs ?
Le contraste est le maître mot que ce soit pour le texte par rapport à son fond, mais aussi dans l’ensemble de l’ouvrage. Peu de couleurs, mais des couleurs qui tranchent les unes par rapport aux autres sont l’idéal.
Plus le livre et ses illustrations sont sombres plus il sera difficilement perceptible.
Vous pouvez aussi avoir une attention sur le rendu du papier, des pages brillantes auront des reflets qui pourront gêner un enfant malvoyant, un papier trop blanc perturbera aussi la vision…
Illustration du livre “Abracadanoir: moi je vois dans le noir. Nathalie Laurent, Soledad Bravi. Ecole des loisirs”. 2008.
Comment est le texte ?
Vous ne savez peut-être pas encore quel seront les besoins exacts en taille de grand caractère. L’important dans la petite enfance est que votre petit prenne conscience de l’écrit, de l’existence de lettres qui, associées, prennent sens.
De nombreux albums sont écrits avec des polices de caractères supérieur à la police 16 (police minimum en grand caractère) voir vraiment supérieures jusqu’à la taille 72, la taille 24 est une moyenne… Vous avez un doute sur la taille ? N’hésitez pas à imprimer quelques mots en taille différentes pour avoir de quoi comparer…
La créativité des productions jeunesse entraîne parfois des difficultés de lisibilité, et la taille n’est alors pas le seul critère… C’est une information qui n’a vraiment de sens que si elle est liée au graphisme du caractère. Une police spécifique comme la police luciole en taille 16 sera plus lisible qu’un Times 20 par exemple.
- Le texte est-il dans une couleur bien contrastée sur un fond uni ?
- Est-ce que la taille et le type de police varie dans une même page ?
- Est-ce que la typographie est fantaisie ? Avec des courbes, des « empattements » ?
- Est ce que le texte est situé au même endroit dans toutes les pages ? Cela évite que l’enfant ait à balayer des yeux chaque page.
- Quel est l’espace entre les lignes et entre les mots ? Si il est assez large, cela rendra l’accès visuel aux lettres et mots plus confortable.
La série des Emilie est un bon exemple de livre ” classique” qui est bien adapté.
Illustration: “L’arbre généreux. Shel Silverstein. Ecole des loisirs. 1982”
Comment sont les illustrations ?
C’est forcément un point délicat dans le choix… Nous pouvons en tant que voyant être attiré par des livres très beaux aux illustrations complexes et détaillées qui pourront ne pas trouver un très grand écho chez un petit qui ne voit pas bien.
La vision des bébés n’étant plus acquise totalement avant l’âge de 1 an, les éditeurs ont développé des offres pour les plus petits avec des ouvrages aux illustrations simples, aux contrastes très tranchés, sans trop de détail.
Illustration extraite d’un livre de la série Boris de Jean-Marc Mathis. Thierry Magnier.
Parmi ceux qui n’ont pas été conçu dans cette optique, ayez une attention sur le niveau de détail, plus l’illustration est complexe avec des informations visuelles non importantes pour l’enfant, plus le décryptage sera long et peut être décourageant.
Dans certains livres pour enfants, le texte ne se suffit pas, c’est l’image qui apporte un élément de l’histoire. A avoir en tête lors de la lecture car il faut alors s’interroger si l’enfant a bien pu percevoir l’information au risque qu’il perde le fil de l’histoire et décroche.
Vous pouvez privilégier tous les livres qui offrent d’autres explorations que visuelles : zones tactiles, capsules sonores, voir odeurs (c’est plus rare mais ça existe ! )
Les livres tactiles adaptés ont été développés pour des enfants déficients visuels, on peut penser qu’ils sont dédiés aux enfants aveugles mais ils sont aussi très intéressants pour les enfants malvoyants. L’exploration de l’image tactile sera une vraie découverte pour lui, il pourra explorer son sens du toucher. Les livres ont tous leur texte en braille et en grand caractère.
En conclusion….
Chaque enfant est unique et sa déficience visuelle aussi, l’ophtalmologue et l’orthoptiste peuvent vous indiquer ce qui est le plus adapté à ses besoins en termes de vision.
Le plus important est de proposer une diversité et une richesse de choix de lectures, votre bébé, votre bambin va affirmer ses goûts et intérêts. Aller en bibliothèque et en librairie, est toujours un atout pour découvrir tout ce qui existe et ce qui lui convient le mieux.
Si le livre ne répond pas à tous les critères qui peuvent permettre à votre enfant de tout perçevoir : mots, couleurs, et dessins… ne vous privez pas non plus de le lire ! D’autant plus si vous vous avez un coup de cœur, le plaisir de l’histoire va se transmettre…
Votre enfant va grandir, et les critères pour lui permettre d’acquérir une lecture autonome deviendront plus exigeants… Ces critères vont petit à petit se définir avec les professionnels qui l’accompagnent.
0 commentaires