Sollicitées régulièrement par des parents mais aussi des enseignants, ou éducateurs pour des questions liées à l’accès aux dessins animés, films, etc. mais aussi par de nombreux lieux culturels qui rendent accessibles leurs représentations, nous avons souhaité consacrer une matinée de travail et d’échanges pour nos administrateurs et délégués territoriaux autour de l’accès aux loisirs (à la culture comme au sport) grâce à l’audiodescription.
Cette rencontre s’est tenue le samedi 18 novembre 2023 et nous y avions plusieurs invités pour partager leur point de vue sur le sujet :
- Marie Diagne, audiodescriptrice pour l’association L’œil sonore et le cinéma parle.
- Hélène Kudzia, bibliothécaire, actuellement en formation, représentante de la commission accessibilité de l’Association des bibliothécaires de France
- Laëtitia Dumont Lewi, enseignante chercheuse en théâtre à l’université Lyon II, responsable d’une formation en audiodescription, et fondatrice du dispositif « Les chuchotines » à Lyon.
L’audiodescription des productions cinématographiques
C’est un travail de finesse et de détail. Parfois une ambiance sonore en dit déjà beaucoup : il faut donc trouver un équilibre entre le trop bavard, et le pas assez.
Il peut y avoir des partis pris des audiodescripteurs, ou des commandes spécifiques du réalisateur…
Nous avons pu expérimenter l’écoute de la bande sonore d’un film les yeux fermés avec pour objectif de discriminer et deviner les différents éléments du décor et de la scène.
L’audiodescription des spectacles vivants.
Il faut différencier les audiodescriptions qui se font en direct d’une cabine (le son arrivant par le biais d’un casque auprès du spectateur), des dispositifs comme les chuchotines ou les souffleurs d’images qui sont des personnes placées à côté du spectateur pour audiodécrire à l’oreille.
Dans ce dernier cas, les lieux culturels partenaires s’engagent à fournir une place gratuite pour l’accompagnant audiodescripteur et à donner des éléments de préparation en amont. Précisons que ces audiodescripteurs sont en règle générale bénévoles.
Les voisins de la personne déficiente visuelle peuvent être prévenus de la présence d’un audiodescripteur et ainsi éviter certaines réactions du type « chut, moins de bruit ». Les parents peuvent ainsi redevenir spectateur, sans la responsabilité de décrire à leur enfant.
Ces dispositifs sont implantés sur certains territoires : Paris, Lyon, Toulouse, Marseille, etc.
Certaines audiodescriptions sont préenregistrées notamment pour certaines adaptations réalisées par Accès Culture : un régisseur lance alors au fur et à mesure les différentes séquences sonores.
Les spectacles en audiodescription sont souvent précédés de visites tactiles ou ateliers.
Pour les enfants, nous n’avons pas connaissance d’un travail sur l’audiodescription qui leur soit spécifique. Est-ce la même que celle en direction d’un public adulte ? Y a-t-il des précautions à prendre ? Des critères à réfléchir ?
L’audiodescription peut parfois être trop détaillée avec un vocabulaire peu adapté aux enfants, avec trop d’informations qui rendent le suivi compliqué…
Quand et commencer l’audiodescription avec les enfants ?
Tout est fonction de l’enfant, de son âge et de son expérience. En général, une écoute avec un casque d’un œuvre audiovisuelle n’est pas conseillée avant 7/8 ans.
Une sensibilisation à l’audiodescription peut se faire progressivement chez les petits, en commençant par des œuvres courtes. Si elles sont longues avec beaucoup de descriptions, on peut perdre l’attention d’un enfant qui n’a pas l’intérêt du visuel. Il faut veiller à ne pas être dans la surcharge sonore.
Il est intéressant de commencer par des productions qui s’inspirent de contes comme Azur et Asmar et Kirikou de Michel Ocelot, Ernest et Célestine de Julien Chheng et Jean-christophe Roger. Tout est dit par la voix off et la place de l’audiodescription est alors minime. Cela peut permettre une première approche du principe de l’audiodescription.
Comme il est difficile de commencer petit avec un casque, des séances de cinéma où l’audiodescription est activée pour tous est l’idéal. C’est alors un moment de partage, qui peut être aussi réalisé en famille. Une expérience d’audiodescription est très riche pour tous les enfants car cela les accompagne dans le sens du récit, l’interprétation de l’image et l’apprentissage du vocabulaire.
Certaines œuvres comme « Moi, moche et méchant », « Les minions » ou encore « Miraculous » se basent presque exclusivement sur le visuel ; c’est difficile même avec une audiodescription de se faire plaisir à visionner et écouter ce film. Certains enfants peuvent toutefois être intéressés pour avoir le même référentiel que les copains à la récréation.
A partir du collège, il est important que les enfants bénéficient d’une éducation à l’image pour comprendre le vocabulaire technique.
Dans ce registre, l’association l’Archipel des lucioles est un acteur important qui assure la coordination des dispositifs d’éducation à l’image comme école et cinéma.
Point de vigilance : lorsque l’on souhaite regarder un film en audiodescription : il ne suffit pas seulement que le film soit audiodécrit. Il faut également que les moyens techniques permettent au spectateur d’y accéder c’est-à-dire :
- Que la salle de cinéma possède le matériel, et le casque par exemple
- Que le menu de la plateforme de visionnage soit accessible avec un lecteur d’écran
- Que la bande audiodescription soit bien présente au moment du pressage du film…
Suite à cet échange, nous avons souhaité faire une page ressource avec de nombreux liens sur l’audiodescription que vous retrouverez sur notre blog.